Au sein de l’activité spatiale, les données d’observation de la terre posent des problèmes spécifiques. Elles sont aujourd’hui plus que des sources de connaissance. Elles ont transformé la relation de l’humanité à elle-même et au monde dans lequel elle vit en rendant perceptible la globalité, l’interdépendance des pays au sein de grands ensembles géomorphologiques, l’articulation entre espace local et système terre global. L’ensemble de la métrologie spatiale, des nouveaux outils d’enquête fournis par ces laboratoires embarqués, l’ensemble des observations hybridées à celles fournies par des métrologies plus classiques ont accru considérablement la compréhension du monde. Ces connaissances, ont largement nourri le désir récurrent de réduction de la part d’inconnu et de maîtrise du destin humain. Or, simultanément cette connaissance a conduit à repérer l’émergence de nouveaux défis pour l’humanité : prise de conscience de la finitude du système terre, de la raréfaction des ressources, de la complexité comme de la fragilité des équilibres biologiques et climatiques. La situation présente comporte ainsi des aspects étonnamment contrastés : l’information disponible est considérable, la compréhension est meilleure ; mais, l’accroissement de connaissances qui ouvre sur une plus grande conscience, augmente en même temps le sentiment d’incertitude face au futur. Les connaissances n’embrayent pas sur l’action. La connaissance construite- ou à construire à partir du matériau disponible- reste difficile à articuler à une production de valeur pour la société.
La valorisation des données satellitaires représente un enjeu économique pour les décideurs publics du fait du coût de l’investissement dans ces laboratoires distants, un enjeu politique pour tous du fait de l’ampleur des changements à venir et de la nécessité de rendre possible l’appropriation par « les publics » des connaissances qui pourront aider l’ensemble des acteurs de la société à choisir et opérer les transformations adaptées ; un enjeu scientifique lié à la nécessité de reprendre des questions classiques de médiation scientifique et technique (valorisation des savoirs, diffusion des connaissances, sciences participatives), de communication politique (participation des publics) avec un changement radical dans l’anticipation du futur puisqu’il s’agit pour chacun d’apprendre à articuler un approfondissement global des connaissances et des incertitudes radicales interdisant de s’inscrire dans le paradigme usuel de la prévision.
Le séminaire se déroulera au CNAM, 292, rue Saint-Martin 75003 Paris selon le calendrier ci-joint. Il donnera lieu à une publication.