Journée d'étude sur la médiation scientifique par l'audiovisuel

Le dispositif audiovisuel comme vecteur de diffusion des savoirs scientifiques & techniques : Histoire, crises & perspectives

7 avril 2018
9h - 18h30

PARTENAIRES : Cnam-HT2S, Paris-Diderot-CERILAC, MESRI, ConnecTionS

Cnam
292, rue Saint-Martin
75003 Paris
Amphithéâtre Jean Prouvé

 


En partenariat avec le Ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (MESRI) et l'Université Paris-Diderot (Paris 7).

Avec les images et les symboles, on persuade, on ne démontre pas. La science ne veut précisément pas de ce qui convainc et rend vraisemblable, elle convoque au contraire la plus grande méfiance.
F. Nietzsche, Le Voyageur et son ombre.

Argumentaire

Cette journée d’étude sera consacrée à interroger et à analyser les caractères spécifiques du dispositif audiovisuel, dès lors qu’il est utilisé pour transmettre des savoirs scientifiques et techniques pour le grand public. Nous proposons de l’évaluer dans ses productions et diffusions télévisuelles des trente dernières années, jusqu’à l’émergence de nouveaux acteurs, de nouvelles perspectives de création via le web et de la multiplicité des écrans (V. Amiel, 2003).

Faire penser et/ou faire croire.

Les savoirs scientifiques et techniques se forgent à l’aide de matériaux variés et complexes dans des lieux dédiés -laboratoires universitaires et industriels- puis sous des formes et par des canaux divers se diffusent dans la société. La télévision et le web constituent l’essentiel de ces canaux de diffusion utilisant le dispositif audiovisuel. Toute information véhiculée par ce double dispositif technique -matériel et narratif- ne se trouve-t-elle pas immédiatement investie d’un crédit de vérité induit par la reproduction mécanique du réel : « Je le vois, il est là, il me parle » (E. Veron, 1986).

Il nous apparaît que cette multiplicité des canaux et des écrans de communication des savoirs invite à reformuler nos interrogations et nos analyses sur l’usage d’un dispositif qui est « un tout organique dans lequel art et langage se confondent » (J. Mitry, 1965). Cette proposition de Jean Mitry à propos du cinéma s’applique tout aussi bien à l’audiovisuel qui dans sa production utilise les mêmes techniques matérielles et narratives (Nardone, 2012). Entre faire penser et faire croire que transmet-il et que peut-il transmettre ? Qu’est-ce qui fait la spécificité de la transmission des savoirs scientifiques et techniques par le dispositif audiovisuel dès lors qu’il emprunte ces multiples sources de diffusion ?

Histoire

Parce que la mission de la télévision publique française, telle qu’elle est définie dans ses statuts, est d’informer, éduquer et distraire (CSA, 2013) le film de vulgarisation scientifique se trouve, dès les années 1960, visible par le plus grand nombre. Dès lors « les flux de communication traversent cet espace à sens unique : de la source savante vers un public cible réceptif » (B. Bensaude-Vincent, 2010).
1984 voit la fin du monopole public en même temps que la multiplicité des chaines de télévision. La création d’ARTE et de France 5, qui leur dédient une case spécifique, a notablement contribué à augmenter le nombre de films documentaires autour des sciences et des techniques. Peut-être est-il temps de tirer un bilan de ces années de transmission. Les sciences à la télévision révèlent-elles un conflit entre ces deux institutions, entre deux visions du monde (I. Babou, 2004) ? Ou bien marquent-elles, au contraire, une légitimation des savoirs institutionnels ?

Crise

Avec l’émergence de l’internet et du web, la télévision partage désormais la transmission des savoirs scientifiques et techniques avec autant d’institutions identifiées (par exemple les sites web de l’INRA, de l’INSERM, du CNRS, du Cnam) qu’avec des chaines Youtube, Dailymotion ou des blogs qui n’appartiennent pas à la sphère académique. Cette situation inédite, parce qu’elle met en « concurrence » des savoirs légitimés par les institutions et des savoirs non autorisés nous invite à revoir notre façon d’analyser la diffusion et l’appropriation des savoirs par le dispositif audiovisuel empruntant ces canaux. Est-ce la fin d’un discours unique, la fin d’une transmission verticale, au risque de créer une crise de confiance dans les savoirs institutionnels ou au contraire, la promesse d’un partage ou d’une co-construction des savoirs (M. Callon, 1998).

Perspectives

Le web francophone compte plus de 80 chaines audiovisuelles dédiées aux sciences et aux techniques (en particulier sur Youtube et Dailymotion). Ces chaines ne bénéficient ni de l’autorité ni de la légitimité académiques : « On peut dire néanmoins que ces animateurs semblent moins “scientifiques” que les vulgarisateurs traditionnels, mais pour son aura, son humour, son charisme. Ce qui fait qu’elle a un côté paradoxal : elle dépend (ô combien !) du ‘vulgarisateur’ (son charisme) tout en en dépendant moins, puisqu’il n’est pas un “sachant” estampillé comme tel, une “autorité” » (A. Moatti, 2015). Voilà une situation inédite et des nouvelles perspectives qui nécessitent une attention particulière et une nouvelle approche critique.

Atelier participatif "Quels outils audiovisuels pour la diffusion des sciences demain?"

Depuis quelques temps, le paysage audiovisuel de la diffusion des sciences se trouve bouleversé : nouveaux acteurs, nouveaux outils, nouveaux enjeux. Peut-on imaginer d'autres ressources et d'autres canaux pour que la vidéo scientifique participe au développement des connaissances et à la lutte contre les fake news ? L'association ConnecTionS vous invite à y réfléchir le temps d'un atelier participatif.

- Limité à 30 participant·e·s - inscriptions obligatoires

affiche

MESRIParis 7