Journée d'étude 4 avril 2025

Le cinématographe, instrument de chercheurs

4 avril 2025
9h30 - 17h30

  • Ile-de-France

Amphithéâtre Abbé Grégoire

292 rue St Martin

75003 Paris


images/sons, écriture textuelle/écriture filmique 

Depuis 2018, le laboratoire HT2S organise, chaque année, une journée d’étude sur la place de l’instrument cinématographique dans la recherche scientifique contemporaine. Ces journées débattent des questions -heuristiques, épistémiques, éthiques- que posent l’usage de cet instrument dès lors qu’il participe directement à la formation d’éléments de connaissance. Cette cinquième édition, circonscrite à la pratique cinématographique dans les sciences humaines, invite chercheuses et chercheurs à discuter : i) sur le rapport images/sons (parole comprise) et ii) sur l’articulation écriture filmique/écriture textuelle dans un protocole de recherche.

Le rapport images/sons peut se décliner au moins de trois façons : sons synchrones, sons off, ou alternativement l’un et l’autre. Il mêle autant de sons du réel que de la parole et parfois même de la musique. Dans ce rapport images/sons, plusieurs modalités signalent la posture voulue par le chercheur-cinéaste : i) présent à l’image et au son, ii) absent à l’image et au son, iii) absent à l’image et présent au son -soit en interlocuteur, soit en narrateur. Chacun de ces choix, qui peuvent se conjuguer, pose plusieurs questions : comment se fait ce choix ? quels en sont les enjeux ? de quelle manière la posture du chercheur modifie-t-elle la teneur de l’objet filmique et impacte-t-elle sa crédibilité académique : est-il pertinent de parler de familiarité par la double présence ? d’authenticité par la double absence ? de narrativité ou d’acousmatique par la seule présence sonore ? Comment le chercheur-cinéaste peut-il en rendre compte ?

Quelle que soit la modalité choisie par le chercheur, ce rapport images/sons interfère avec l’articulation écriture filmique/écriture textuelle. Envisager le dispositif cinématographique comme instrument de recherche scientifique implique ces susdits choix de modalité et de faire, en amont et en aval, des choix d’articulation écriture filmique/écriture textuelle. Pour prendre sens dans le cadre d’une recherche scientifique, il est peu probable que le film puisse se passer d’une écriture textuelle : d’abord en établissant une problématique et une méthodologie ; en élaborant (ou non) un protocole de recherche, en rédigeant un dossier de financement et un ordre de mission, puis en analysant les données cinématographiques recueillies, en établissant un compte-rendu de l’étude qui confirme ou pas le bien-fondé d’une hypothèse, etc. L’étude commence alors, soit par du texte, soit par des notes filmiques, soit par des enregistrements sonores, soit par les trois simultanément -en filmant en écrivant- pour paraphraser Julien Gracq. Le chercheur est ainsi amené à produire de l’écrit (textuel et cinématographique) avant, pendant et après. Au cours de l’étude et après s’entrecroisent un corpus de textes et un corpus d’images cinématographiques.

Au final le chercheur se retrouve à articuler deux modes d’écriture, deux langages, que tout semble séparer : d’abord l’analyse et la mise en ordre (montage d’images et notes écrites), puis la publication (film et article académique). Comment se fait l’articulation de ces deux modes d’écriture et qu’indique-t-elle : Complémentarité, Exemplarité, Prouvabilité ? Quel statut heuristique et épistémique attribué à l’entrecroisement de ces deux objets ?

Parce que les artefacts produits par cet instrument singulier se situent selon Jean Mitry « entre art et langage » ; « hermaphrodite d’art et de science » pour Jean Epstein ; et parce que « tout film est un film de fiction » selon Christian Metz, l’utilisation du dispositif cinématographique pose autant de questions souvent débattues, mais toujours à débattre, dès lors que ces cinématographies s’inscrivent dans une recherche scientifique qui, avec l’internet et le Web, a largement dépassé le cercle restreint des connaisseurs.

Les intervenants

Jean-Paul Colleyn (directeur d'études EHESS) ; Lucinda Groueff (Enseignante-chercheure, Larep, LVMT) ; Ariane Hudelet (Professeure de culture visuelle, cinéma, télévision. LARCA, Université Paris Cité et CNRS) ; Anne Jarrigeon (Maîtresse de conférences HDR, Université Gustave Eiffel) ; Nathalie Luca (directrice de recherche au CNRS et présidente du Comité du film ethnographique) ; Damien Mottier (maitre de conférences, EPHE) ; Michel Tabet (Chargé de recherche CNRS, Enseignant Chercheur, Laboratoire d'Anthropologie Sociale).

Le conseil scientifique

Robert Nardone, HT2S-Cnam (Historien des sciences et des techniques)
Loïc Petitgirard, HT2S-Cnam (Professeur en histoire des sciences et des techniques, directeur du laboratoire HT2S)
Catherine Radtka, HT2S-Cnam (Chaire junior Mutation de l’aéronautique et du spatial) Jean-Claude Ruano-Borbalan, HT2S-Cnam (Professeur, Chaire techniques et sciences en société)

Le comité d’organisation

Gloria Fernandez-Garcia, PhD (Secrétariat des Laboratoires DICEN-IdF et HT2S) 

Robert Nardone, HT2S-Cnam