Décider face à l’incertain : « Reste » et « Reste causal » dans le contexte de la transition écologique
17 juin 20249h30 - 17h30
292, rue Saint-Martin
75003 Paris
Salle 17.2.15
La décision politique et économique relative à la transition écologique se prend dans un contexte d’incertitudes radicales où l’efficacité du triptyque Science/Expertise/Politique repose sur la capacité à prendre en compte l’imprévisible. La prospective, la science post-normale ou encore le principe de précaution apportent des éléments de réponses à cette exigence qu’il convient cependant d’approfondir : par exemple, l’agir politique par les COP (Conférence des Parties) sur le climat s’appuie en majeure partie sur les scénarios du Groupe 1 du GIEC, bien que ces derniers laissent sur le côté une part substantielle de l’imprévisible.
Cette journée transversale de recherche porte sur deux concepts nouveaux, le « Reste » et le « Reste causal ». Le plus souvent, les modèles, les théories, les scénarios ou les quantifications ne peuvent prétendre couvrir la totalité des aspects des phénomènes réels qu’ils ont vocation à approcher. Ce constat prend une importance particulière dans le contexte actuel d’incertitudes radicales. L’introduction du concept de Reste associé à un modèle, une théorie, un scénario ou une quantification, permet de rassembler les aspects qui ne sont pas pris en considération. Le concept de Reste causal, quant à lui, constitue un complément associé à une représentation de l’évolution passée, présente ou future d’un phénomène donné, qui rassemble les phénomènes influençant ou pouvant influencer cette évolution, mais qui ne sont pas pris en compte dans cette représentation.
Les concepts de Reste et de Reste causal ont émergé d’une étude1 des projections climatiques menant jusque la fin du XXIe siècle, fondées sur la modélisation du climat et publiées par le Groupe 1 du GIEC. Ces projections ont un Reste causal dans lequel se trouvent des phénomènes d’un haut niveau d’imprévisibilité qui pourraient nettement amplifier le réchauffement du climat au cours du XXIe siècle. Si bien que ces projections, si elles ne sont pas accompagnées de la présentation de leur Reste causal, donnent une représentation édulcorée du changement climatique, une représentation qui invisibilise des risques majeurs. Pourtant, ces projections servent de référence pour définir les politiques climatiques.
La mobilisation des concepts de Reste et de Reste causal tout au long du triptyque Science/Expertise/Politique vise, notamment, à améliorer la prise en compte de l’imprévisible dans les décisions des domaines des politiques publiques et des innovations dans les développements économiques et sociaux. L’objectif de la journée transversale de recherche est un enrichissement théorique de ces deux concepts et une exploration de leur portée au-delà de la seule question du changement climatique, dans des champs différents, le plus souvent transdisciplinaires. Pour bien montrer leur portée potentielle, le Reste et le Reste causal seront mobilisés dans différents champs : la modélisation mathématique, l’étude des risques, la santé, l’innovation, la recherche en biologie, les scénarios du GIEC, les programmes de l’enseignement secondaire, etc. Enfin, l’apport de la recherche participative à la connaissance, à la mise en visibilité, voire à la réduction d’un Reste ou d’un Reste causal, sera également abordé.
La journée s’articulera autour de présentations orales suivies de discussions avec la salle. Une table ronde finale dessinera les contours d’un réseau ou d’une communauté de recherche sur la question de la quantophrénie2 et de l'imprévisibilité à travers les concepts de Reste et de Reste causal. Chercheurs, doctorants et post-doctorants, responsables, personnels politiques et acteurs privés font partie des publics visés par cette journée de recherche.
Programme
9h
Accueil
9h30
Mots d’introduction
9h40
Marc Delepouve (HT2S, Cnam)
Présentation de l’émergence des notions de Reste et de Reste causal
9h50
Emmanuel Ferrand (IMJ-PRG, Sorbonne Université)
Ce qui échappe aux mathématiques
10h15
Anne Frédérique Paul Antoine (Université de Lille. HT2S, Cnam)
Les programmes de l'enseignement secondaire : le Reste impensé
10h40
Pause café
11h
Damien Charabidze (Centre d'Histoire Judiciaire, Université de Lille)
Projet DePERU : Imaginer l'inconnu et le Reste pour analyser les processus de décision en situation d'incertitude radicale extrême
11h25
Yamina Saheb. (Sciences Po. Openexp)
Scénarios du Groupe 3 du GIEC
11h50
Marc Delepouve, animation
Table ronde entre les intervenants du matin. Reste méthodologique et Reste idéologique
12h30
Déjeuner
13h45
Bertrand Bocquet (Université de Lille. HT2S, Cnam)
Recherche participative, innovation et réduction du contenu du Reste
14h10
Marc Delepouve.
Reste causal associé aux scénarios du GIEC et objectifs climatiques internationaux
14h35
Sophie Gerber (Biogeco, Univ Bordeaux, Inrae)
Les plantes vues à travers les prismes du techno- et de l'anthropocentrisme
15h
Frédéric Caille (Triangle, CNRS/ENS de Lyon. Université de Savoie)
Le Reste causal des énergies : sociotechniques et récits de la transition
15h25
Sezin Topçu (Centre d'étude des mouvements sociaux, EHESS)
La cause environnementale des problèmes de santé reproductive : quelques pistes de recherches sociologiques
15h50
Pause café
16h10
Philippe Durance (LIRSA, Cnam), animation
Table ronde avec les intervenants de l’après-midi : Intégrer le Reste causal et le Reste dans le triptyque Science/Expertise/Politique ; développer une communauté de recherche Reste, Reste Causal, Quantophrénie, Imprévisibilité (R2QI)
17h20
Bertrand Bocquet
Conclusion générale
17h30
Clôture
17 juin 20249h30 - 17h30
292, rue Saint-Martin
75003 Paris
Salle 17.2.15