Comité des travaux historiques et scientifiques

Réseaux "savants" de l'informatique

30 avril 2015
9h - 19h30

Présentation des travaux de Camille Paloque-Berges sur la sociogenèse des réseaux informatiques de communication en France.
Camille Paloque-Berges présentera deux communications au 140ème Congrès des sociétés historiques et scientifiques organisé par le CHST (Comité des travaux historiques et scientifiques).

9h Colloque « La France savante (du xvie siècle à nos jours) » Section Les érudits et leurs réseaux au XXIe siècle
"La genèse des réseaux informatiques de communication en France"
Un modèle de société « en réseau », sous-jacent ou explicite, est porté par les acteurs scientifiques et techniques des réseaux informatiques de la famille Internet, à la croisée des réseaux savants (académiques) et professionnels (en entreprise), en particulier autour des notions d’ouverture, de démocratie, etc. En bref, il s’agit dans cette communication d’essayer de comprendre si et comment la « République des informaticiens » a conçu Internet comme un projet de société, et l’analyse que l’on peut en faire aujourd’hui.

14h Thème 2. Les acteurs de développement des réseaux / Technologie et réseaux sociaux
"Les acteurs pionniers du développement d’Internet en France : une collaboration récursive et ouverte portée par des usagers professionnels (1983-1988)"
Dès les années 1970, une partie de la jeune communauté des ingénieurs en informatique, tournée vers les technologies américaines, travaille à importer en France des réseaux informatiques de communication distribués et ouverts (Griset, Schafer, 2011). Parmi eux, le réseau des machines Unix, implémenté à partir de 1983 au Conservatoire national des arts et métiers en collaboration avec une infrastructure européenne (Eunet) et des partenaires français (au premier chef, l’INRIA, Institut national de recherche en informatique et automatique) donne lieu au réseau Fnet, précurseur de l’arrivée d’Internet en France.
En nous appuyant sur des archives du Cnam, de Fnet, des entretiens oraux et des archives de courriers électroniques compris comme des médiateurs de l’activité de collaboration technique (Paravel, 2006), nous montrerons comment cette collaboration ad hoc entre ingénieurs ressort de l’héritage des « solidarités professionnelles (…) imposant un défi aux autorités bureaucratiques » (Grelon, 1993) et d’une critique des chercheurs envers la transformation industrielle et commerciale des ingénieurs télécoms (Vedel, 1984). Ensuite, nous verrons comment la technologie devient un outil récursif de collaboration, permettant de tester, négocier et développer le réseau informatique et les réseaux sociaux associés. Nous dresserons un portrait de ces acteurs d’une « innovation ouverte d’usagers » (Von Hippel, 2013), caractéristique du développement sociotechnique des réseaux de la famille Internet.