Histoire des techniques et de leur environnement





Cet axe se situe au croisement de l’histoire des techniques et de l’environnement. Il s’attache aux rapports de la technique à la ressource et aux territoires que posent sur le temps long l’industrialisation. Il focalise l’attention sur l’acteur industriel au travers de sa relation avec l’environnement.



  • Le passé environnemental de la société industrielle

Le tournant environnemental de la société industrielle comporte une part de profonde transformation des rapports sociaux, tant au travers d’une critique des usages de la nature que des choix de société portés par les techno-sciences. Les menaces héritées de la production industrielle passée et celles suscitées par les perspectives de développement des techno-sciences se sont étendues. Une résurgence en apparence nouvelle des conflits environnementaux a émergé en conséquence, et avec elle l’urgence de rendre intelligible leur prolifération. D’abord affaire de spécialistes qui se sont attachés à la période la plus récente, une actualisation du passé environnemental de l’industrialisation s’avère désormais indispensable pour appréhender les situations présentes et à venir.

Les historiens n’ont jamais tout à fait ignoré la nature conflictuelle de ces rapports entre société et environnement, partant notamment de la pollution et de la thématique du risque industriel. Le conflit est cependant encore peu exploré pour lui-même. L’apport de l’histoire est pourtant reconnu comme incontournable, d’abord pour inscrire dans le temps long des conflits contemporains dont les motifs s’ancrent bien souvent dans un passé pluriséculaire ; ensuite, pour soumettre à l’épreuve de l’histoire l’idée d’une évolution récente des rapports des sociétés industrielles à la nature et à l’environnement.

  • Un réseau de collaborations et de compétences

C’est dans cette voie peu explorée que l’axe « Techniques et environnements » s’engage. Il prolonge de cette façon la tradition toujours vivace au Cnam de consacrer une part significative de ses formations et de sa capacité de recherche aux problématiques environnementales en lien avec l’économie. L’axe prend appuie sur des compétences acquises sur l’histoire des sites industriels et de leurs pollutions. Elle s’était en effet amplement développée au sein du CDHTE. Ses travaux se consolident, prenant appui sur des collaborations et un réseau de compétences, notamment auprès du Réseau universitaire des chercheurs en histoire environnementale (RUCHE), du Groupe de recherche en histoire environnementale de L’EHESS (GRHEN), mais aussi du Réseau thématique pluridisciplinaire du CNRS (RTP Histoire de l’environnement). Ces participations croisées inscrivent résolument HT2S dans une logique d’intégration et de partage des compétences, avec une spécialité propre au Cnam : l’histoire des techniques comprise dans ses relations conflictuelles avec l’environnement. L’axe est par ailleurs partie prenante de la recherche et de la formation au sein du Pres-héSam. Il est par exemple impliqué dans le LABEX DynamiTe (dynamique des territoires), projet interdisciplinaire (géographie, économie, sociologie, histoire et archéologie). Enfin, il collabore avec le LAMOP de l’Université de Paris 1, tant dans le champ de la formation que de l’édition et la valorisation des résultats produits par les équipes respectives.

  • Deux directions majeures sont privilégiées afin d’encadrer les travaux du laboratoire dans ce domaine

- Les conflits environnementaux
La première focalise son attention sur l’histoire politique, sociale et culturelle des conflits eux-mêmes à partir de l’étude de cas de contestations d’une activité technique, notamment dédiée à la production industrielle. Si les risques sont perçus au plus haut niveau de la gouvernance comme des questions de portée nécessairement globale, leurs origines demeurent néanmoins territorialisées. C’est partant de ces relations instaurées au niveau local entre technique, industrie, environnement et population concernée que les conflits émergent. Partant de l’analyse de cas concrets, le souhait est d’apporter un éclairage historique des conflits de cette nature durant trois siècles d’industrialisation et de production technique. L’histoire visée porte sur l’évolution de la conflictualité environnementale et des logiques de sa régulation, depuis l’ancien régime jusqu’à la situation actuelle d’une société hyper industrialisée soumise aux injonctions du développement durable, mais aussi aux impératifs de gestion de la société du risque et de l’incertitude.

- L’environnement de l’entreprise
Le conflit est un champ de représentations, le théâtre d'affrontement d'intérêts et de visions différentes de ce qu’est l’environnement. D’où la négociation permanente pour en définir la nature, les fonctions, les usages, les limites. Le conflit implique dans ce cas d’abord les responsables de l’activité contestée et les protestataires, puis par extension, l’ensemble des parties prenantes, alliés objectifs ou porteurs d’intérêts, administrateurs publics et gestionnaires des équilibres locaux, des identités et des territoires. Un tel constat invite à s’interroger sur les conditions d’existence de l’entreprise responsable. Le recentrage ne s’attache dès lors plus seulement à la question de la pollution ou des risques, mais surtout à celle de leurs justifications, de leur réalité dans le temps, dans leurs territorialités et la cité. Comment l’entreprise perçoit, comprend, administre et gère son environnement ? C’est là un des points aveugles de la recherche. Cette deuxième direction de recherche engage l’étude de l’environnement comme objet façonné par l’entreprise elle-même, à partir de ses pratiques, décisions, stratégies et pratiques d’action.